Evoquer les effets dommageables de ce mode alimentaire me tient tout particulièrement à coeur, car je l’ai suivi scrupuleusement pendant plus de 30 ans!
Hé oui, un seul grain de riz dans une assiette où trônait une escalope de veau ou une omelette, devenait à mes yeux L’INTRUS!!! J’ai donc pendant des années associé ma viande ou mon poisson à des légumes ou à une salade.
Et pourtant, à partir de 45/50 ans, alors que je consommais depuis toujours et de façon quotidienne des aliments protéiques, je constatai avec surprise des signes évidents de carences protéiques : fonte musculaire (alors que je faisais à l’époque des cours de pump, abdo-fessiers, muscu 5 fois par semaine), perte de poids, aménorrhées, anémie, ostéoporose, infections ORL chroniques dues à une faiblesse immunitaire, sécheresse et finesse extrêmes de la peau, apparition précoce de ridules, ongles cassants…
Alors, que s’est-il passé?
LE REGIME DISSOCIE? C’EST QUOI? Petit retour en arrière…
En gros, ce régime consiste à ne pas manger durant un même repas des aliments protéiques (viande, poisson, oeufs, fruits de mer, laitages) et des aliments glucidiques (pain, pâtes, riz, pommes de terre, légumineuses…). Vos repas sont donc composés SOIT de viande (ou poisson ou oeufs) + légumes verts + salade ou crudités, SOIT de féculents (pâtes, riz, pommes de terre, pain…) + légumes cuits et/ou crus + salade ou crudités.
Mis en avant au début des années 50 par l’hygiéniste américain Herbert Shelton (en outre remarquable spécialiste du jeûne), cette méthode alimentaire s’est répandue à travers le monde occidental et a été reprise en France dans les années 80, notamment par Michel Montignac qui y a rajouté l’indice glycémique des aliments.
POURQUOI CE REGIME ENTRAINE-T-IL DES CARENCES PROTEIQUES ?
LES 2 HORMONES DU PANCREAS
Pour comprendre le mécanisme, quelques notions “simplifiées” de physiologie digestive.
Le pancréas endocrine sécrète 2 hormones : l’insuline et le glucagon.
La première est hypoglycémiante et connue surtout pour permettre le passage du sucre du sang aux cellules afin d’attribuer à l’organisme un niveau de glycémie correct (environ 1 gramme par litre de sang). Mais en faisant pénétrer le glucose dans les cellules, elle permet également le passage des autres nutriments , les acides aminés et les acides gras. Elle est donc considérée comme l’hormone de la nutrition.
Le glucagon en revanche est une hormone hyperglycémiante. Il fait passer le glucose des cellules jusqu’au sang et est responsable de la néo glycogénèse, c’est à dire la transformation des acides aminés (nutriments des aliments protéiques) et acides gras (nutriments des lipides) en sucre.
Hors, ces deux hormones sont inversement proportionnelles : plus il y a de sécrétion d’insuline, moins il y en a de glucagon et vice versa.
LES CONSEQUENCES PHYSIOLOGIQUES SUIVANT LA COMPOSITION DU REPAS
Revenons à notre assiette : prenons un repas non dissocié, composé de poisson avec du riz. Il y a donc présence d’aliment protéique (le poisson) et glucidique (le riz).
Cette présence d’aliment glucidique va entraîner une sécrétion abondante d’insuline et de ce fait une sécrétion très faible de glucagon. Cela va permettre au glucose du riz de pénétrer facilement la cellule mais également aux acides aminés du poisson d’en faire autant, l’insuline ayant « ouvert la porte ».
Voyons à présent ce qu’il se passe pour un menu dissocié comportant des légumes cuits, des crudités et de la viande. L’absence de produits glucidiques va engendrer une très faible sécrétion d’insuline et du coup une importante production de glucagon.
Par manque d’insuline, peu d’acides aminés parviendront à pénétrer les cellules, ils vont donc rester dans le sang et subir l’action du glucagon présent dans ce cas en abondance. Et le glucagon va accomplir son travail, transformer les acides aminés en glucose. Voilà comment on peut se carencer en protéines en consommant quotidiennement des aliments protéiques.
L’ORGANISME HUMAIN A BESOIN DE GLUCIDES!
Il faut savoir que 1) nous ne pouvons pas vivre sans glucose et 2) nos réserves de glusose ne dépassent pas 3 jours. Si l’alimentation n’en propose pas au travers d’aliments glucidiques (farineux), le corps en fabrique lui-même à partir d’aliments protéiques et de graisses que nous ingérons. Enfin, comme on l’a vu plus haut, il est indispensable lors d’un repas d’avoir un bon rapport insuline/glucagon afin de permettre une nutrition complète de nos cellules et d’éviter les carences protéiques, à savoir chute immunitaire, fatigue chronique, fonte musculaire, dépression, ostéoporose, aménorrhées, impuissance, frigidité, amaigrissement…
C’est une bonne nouvelle non? Sur le plan gastronomique, c’est quand-même plus sympa une blanquette de veau avec du riz ou des pâtes bolognaises avec du boeuf! Quand je pense à toutes ces années où j’aurais pu me régaler…
Cet article s’adresse aux personnes en bonne santé. Il ne remet pas en question l’utilité du régime dissocié s’il est suivi pour des raisons thérapeutiques. Mais à long terme, il n’est pas souhaitable car générateur de carences. N’oubliez pas que l’alimentation doit être NATURELLE, EQUILIBREE ET MESUREE.